Nos instruments

La mandoline, une corde tendue mise en vibration

Ainsi est né le premier instrument de la famille des cordes. Les premières présentations de caisse ronde avec un manche furent retrouvées dans les vestiges des civilisations de Mésopotamie et de l’Asie occidentale, environ 3 siècles avant Jésus-Christ. Ce sont ces types d’instrument qui furent sans aucun doute à l’origine de l’ « ud » arabe, ancêtre du luth européen. C’est l’occupation arabe du sud de l’Europe qui introduisit sur notre continent l’ « ud » et la « guiterne » (petit luth).

A la cour des rois

A chaque fois que le mot « guiterne » apparaît dans un texte du Moyen-Âge, il faut avoir à l’esprit qu’il s’agit en fait d’une sorte de mandoline. Un instrument proche de la guitare existait également mais était appelé « citole ». A cette période, si la guiterne était employée comme un instrument de sérénade, c’était aussi un instrument noble : les grands d’Europe avaient à leur service plusieurs « guiterneurs ». On retrouve au XIIème siècle des instruments très proches de la guiterne, mais avec une caisse de résonance bombée : la « bandurria » en Espagne, et la « mandore » en France. A l’époque, la mandore était un petit luth à long chevillier terminé en faucille. On en jouait avec un ou plusieurs doigts ou avec une plume, parfois de manière très virtuose. L’art pictural du Moyen-Âge en fournit de nombreux exemples : on y voit un instrument muni de quatre cordes.

Christine de Lorraine

On retrouve pour la première fois en Italie le mot « mandola » dans la liste des instruments employés lors du mariage de Ferdinand 1er de Médicis avec Christine de Lorraine, en 1589. A ce sujet, il est à noter que Christine de Lorraine était la fille du Duc de Lorraine Charles III et de Claude de France, et la soeur de Catherine de Lorraine, abbesse de Remiremont de 1611 à 1648.

C’est à partir de 1670 environ qu’on commence à avoir des preuves précises de l’utilisation de la mandola en Italie. On a retrouvé des gabarits de mandola du célèbre luthier de Crémone Antonio Stradivari. Le diminutif « mandolino » était sans doute employé par Stradivarius pour désigner de petites mandolas.

A la fin du XVIIème siècle, la mandoline lombarde avec six cordes connaît un vif succès dans toute l’Italie. De nombreux compositeurs, dont Antonio Vivaldi le plus connu, écrivent pour elle un certain nombre d’oeuvres.

Un instrument qui s’affirme

Vers 1750 coexistent déjà différents modèles : la mandoline Lombarde, la mandoline Gênoise, la mandoline Milanaise et enfin la mandoline Napolitaine qui est celle dont la forme et la taille sont les plus proches de la forme actuelle.

Il est impossible de citer tous les compositeurs (presque tous napolitains, qui ont écrit à cette période pour cet instrument. Jusqu’au début du XIXème siècle, la mandoline fut largement utilisée pour accompagner des sérénades d’opéras (Paiesiello, Haendel, Mozart). Les guerres napoléoniennes viendront éclipser son essor dans toute l’Europe pour plus de cinquante ans. Bizet, au milieu du XIXème siècle, puis Verdi, la feront réapparaître dans les oeuvres.

À partir de 1880, la mandoline connaîtra un succès important comme instrument populaire, succès qui s’étendra jusqu’aux Etats-Unis et même au Japon.

Le XXème siècle

Au début du XXème siècle, les grands virtuoses italiens affirmeront la technique et aboutiront au perfectionnement de la mandoline napolitaine (forme arrondie, manche circulaire, touche droite), et à la création de la mandoline romaine qui possède également une forme arrondie mais un manche triangulaire et une touche incurvée. Elle est la synthèse de tous les perfectionnements qui lui donnent la plus brillante qualité sonore.

Il existe aussi des mandolines plates (à fond plat) : elles perdent un peu de la qualité du son des deux premières mais gagnent en puissance. Des compositeurs tels que Massenet, Malher, puis Schoenberg donnèrent à la mandoline une place importante dans leurs créations. Des contemporains (Boulez, Ligetti, Kagel, Marius Constant) continuèrent dans cette optique.

Il existe actuellement en Europe des orchestres composés uniquement d’instruments à plectre et à cordes pincées. Ils s’assimilent par leur structure aux orchestres de chambre. Le plectre (morceau d’écaille ou de plastique qui met les cordes en vibration, remplace l’archet. En France, aujourd’hui environ 70 orchestres de mandolines sont répertoriés à la Confédération Musicale de France.

Si la mandoline inspirait généralement un certain manque de considération dans le monde musical, aujourd’hui elle défie ces jugements. Après s’être longuement attardée sur les répertoires faciles, elle révèle toute sa noblesse dans l’interprétation des pièces classiques et devient expressive dans le romantisme sans perdre des qualités exceptionnelles pour les rythmes folkloriques et la musique populaire.